Moïra du Sage

1. Principes généraux

Les hybristes de la Moïra du Sage se destinent très tôt à êtres des Sages, en ce sens que dès l’enfance, ils ne vivent pas vraiment parmi nous mais dans un univers personnel empli de lumière sans que l’on sache vraiment quelle circonstance fût décisive dans l’histoire de ces enfants pour expliquer leur singularité. Ils évoluent dans un monde ou tout est possible et se sont dotés de l’aptitude à écouter leurs propres idées naissantes.
Cela fait qu’ils sont perçus assez vite comme différents des autres et tenus à quelque distance de la communauté. Peu à peu, ce recul développe en eux une force qui les rend indifférents à l’opinion communément admise.
C’est ainsi qu’à l’âge adulte, le Sage éprouvera toujours une certaine aversion pour les règles, le prestige et l’art de cirer des chausses au moyen de l’appendice buccal. Ce monde lui est totalement étranger. Il préférera exercer sa curiosité enfantine, demeurée intacte sur toutes sortes d’énigmes qui flattent sa convoitise alors, il rejoindra « l’ingénieuse tribu ».

Celle-ci est composée de tous les êtres qui tentent d'apprivoiser l’Hybris, qui savent que la réalité est en eux et qui, pourvus d’un regard neuf sont des créateurs peu importe sous qu’elle forme, qu’ils soient savants, ingénieurs ou artistes.
L’organisation des Sages est conçue comme un corps vivant, formé et animé par des organes, dont chacun possède son caractère, sa liberté et participe au miracle de la création sans qu’aucun ne prédomine car qui saurait dire lequel est le plus essentiel au monde du musicien ou de l’alchimiste, de l’ingénieur ou du poète ?

En son sein le disciple y apprendra à donner forme et image à son monde intérieur. L’initiation par le maître, nommé Magister consiste souvent en exercices tels que dessiner les figures perçues dans le modelé des nuages, identifier et reproduire les mélodies du vent, décrire en quatre mots un paysage. L’élève apprend ainsi à laisser germer ses sensations, à poser un regard aiguisé sur toutes choses.
Un jour, quand son esprit ne réagira plus à des représentations du passée, sa pensée assoiffée d’inventions originales, aura constamment besoin de problèmes nouveaux pour détruire son équilibre et sa quiétude. C’est sa façon de ne pas sombrer dans les limites étroites de la réalité ordinaire. On peut dire ainsi, que de toutes les moïras, celle du Sage est la voie royale vers l’éclosion de l’Hybris qui sommeille en chaque humain.

Ensuite, viendra le moment de projeter selon son inspiration, des œuvres tangibles qui enrichiront la communauté des hommes même si toujours, il inquiète et dérange. D’ailleurs la plupart du temps, l’arrivée d’un Magister et de son apprenti dans un village suscite à la fois curiosité et méfiance. Mais « réaliser » est une expression qu’aiment les sages et leur activité leur apparaît comme un cheminement ou chaque événement de la vie possède sa magie. Le sage en tire une ivresse intense car pour lui, « le possible est plus riche que le réel ».

2. Mode de vie

Le Sage peintre ou poète fuit l’art voué à l’imitation de la nature et aux canons rassurants du portrait figé. Pour lui, le beau doit porter non la virtuosité mais le mystère de son monde intérieur. Il ne trouve pas sa place dans un art de Cour ou ses œuvres sont jugées généralement trop insolites et par conséquent, survit difficilement à moins qu’un mécène ne soit touché par son talent visionnaire car ses compositions vivent aux yeux, non de celui qui les regarde mais de celui qui les voit.

Le Sage ingénieur est un possédé, il expérimente, conçoit de surprenantes inventions et il n’est pas rare de voir sa forge illuminée jusqu’à l’aube s’il ne s’associe pas à d’autres artisans, orfèvres, serruriers, ferronniers, pour donner corps à ses folles spéculations. Mettre en œuvre des mouvements au moyen d’automates le fascine. Concevoir les curieux artifices que sont les instruments nécessaires aux métiers le passionne mais l’on se méfie de ce Sage car la transformation de la matière est fréquemment associée à des pratiques magiques, ainsi, ces hybristes sont-ils souvent nommés les «enfants de Mercure» et il en est de même de leurs frères alchimistes.

Le Sage humaniste, propagateur d’idées nouvelles, vise à transmettre la conception du monde qu’il tire de ses entreprises. Il emplie l’esprit de son apprenti du sens de ses découvertes, quand il ne livre pas à l’humanité d’énormes traités contenant ses hypothèses. Il recompose les principes qui expliquent la marche de l’univers et de la vie alors ses créations quelquefois, semblent plus belles que le monde qu’elles mettent en lumière.

Le Sage médecin à choisit d’accorder son secours à l’humanité souffrante, il soigne le corps malade aussi bien que l’âme dérangée tentant de corriger le déséquilibre des humeurs et faire recouvrer la mémoire aux masses d’amnésiques qui hantent les royaumes.
Le malade est maître de sa maladie, et à l’origine de tout dérèglement de son corps aussi bien que de son esprit. Sans que ce projet ait atteint sa conscience, il la dirige afin d’en faire un moyen d’expression même si dans les cas les plus graves, sa création lui échappe ainsi que ses conséquences.
Dès lors que le Sage médecin entre en action, il doit opposer sa propre force de création aux désordres en place. Sa fonction est de convaincre le malade de sa puissance sur les éléments physiques. De même, il saura obtenir des mélanges inédits de plantes capables d’influer sur l’état chaotique de ses patients.
Dans sa lutte incessante contre l’épidémie il a recours à toutes les techniques lui permettant d’accroître son efficacité même si ces dernières provoquent quelquefois des suspicions. En effet, sa discipline exige de lui une vision exacte du fonctionnement des vivants c’est pourquoi il s’adonne parfois à des recherches et expériences audacieuses sur le corps ou le cerveau humain car chaque mystère est pour lui un défi et prétexte à une aventure dans l’inexploré qui devient le champ de ses investigations.
Le Sage mi-médecin, mi-ingénieur s’orientera, quant à lui, vers la chirurgie sur les champs de batailles ou ses trouvailles feront l’admiration des soldats infirmes.

3. Némésis

Némésis de l'Unique:

Némésis de l'Essence:

Nemesis de l’Oubli:
Les savants qui s’attachent à connaître l’univers par l’observation en expliquant ses phénomènes confortent et justifient ce vieux monde. De fait, ils consolident l’existant et entretiennent la répétition du passé.
Le Sage de l’Oubli doit, au contraire, tenter par tous les moyens de se détourner des manières habituelles de penser pour retrouver l’usage de l’hybris. C’est l’esprit intuitif, qu’il doit cultiver, combattant cette maladie de l’âme que le médecin range dans la catégorie des troubles de la Nemesis
Car penser, c’est inventer : concevoir
Mais Dieu y substitua son Verbe pour que les mots ne s’attachent qu’au raisonnement logique afin de reproduire la pensée dominante, unique, conformiste et obéissante permettant de renforcer la moïra.
Et Aristote après lui, prêcha les rapports de cause à effet dans le seul but de rendre inactive la capacité analogique et métaphorique de l’âme l’humaine.
Le but du Sage de l’Oubli est de récupérer la pensée pleine et entière que l’espèce humaine possédait avant que Dieu ne l’en prive d’une moitié pour l’amputer de la capacité de créer, le condamnant ainsi à n’être pour toujours qu’un reproducteur.


Némésis du Double:

Némésis du Pluriel: