Le hanteur hanté...

par **Pascalito** Lun 5 Jan - 5:38

Piste de danse pour les vents pyrénéens, une tache s’étendait sur la neige. De sa repoussante couleur sanglante, issue d’on ne sait quel combat, elle venait salir la pureté infinie de ce blanc vierge. Soudain, horreur ! La tâche de sang se mit à bouger, à ramper...

Enveloppé d’un sombre manteau à capuche couleur bordeaux, le jeune homme écrasa ses mains dans cette neige qu’aucun autre n’avait encore foulée, se relevant péniblement. Ses yeux cernés d’un fard volé à la première bonne femme romaine venue balayèrent le paysage, à l’affût du moindre changement sur ce morne tableau depuis sa désagréable étreinte avec Hypnos. À quelques mètres de son pitoyable lit glacé, l’épave du petit voilier qu’il avait détourné pour quitter Rome gisait toujours sur la plage, complètement démoli, après s’être écrasé contre les rochers, propulsé par les mauvaises conditions hivernales. C'était un amusant spectacle que personne n'avait pu voir derrière le bleu rideau de la nuit que cette dernière refusait encore de lever à son réveil... Sans difficulté, Pascalito s’était vite résigné à abandonner le corps du véritable propriétaire de cette embarcation et s’était engagé sur un chemin imaginaire qui, croyait-il, le mènerait à bon port. Mais la vérité éclata bien vite devant lui : Le froid était si insoutenable qu’il avait peine à respirer, la neige était si épaisse qu’il peinait à avancer. Peu habitué à de telles conditions, préférant la grandeur d’un manoir à celle de la nature, il s’était écroulé dans la neige.

Fourrant une main fébrile sous le cuir de son manteau, le naufragé tira d’une poche intérieure une petite bague dorée sertie d’un rubis et la passa au majeur de sa main droite, comme si se parer de bijoux était la chose à faire dans de telles circonstances, et se mit en marche sans avoir la moindre idée d’où il allait... D’ailleurs, étrangement, cela lui importait peu et semblait lui paraitre secondaire. D’abord, il pensait. Il avait toujours trouvé matière à penser, à philosopher, alors pourquoi pas à ce moment-là aussi ?

À Rome, il n’avait pas trouvé ce qu’il cherchait, comme nulle part ailleurs... Alors où ? Où pouvait-il aller maintenant ? Il avait quitté sa somptueuse demeure de Mayenne, sûr de trouver pouvoir et richesse - Plus de pouvoir, plus de richesse - et le voilà, maintenant, à suivre les chemins escarpés des bassesses des Pyrénées, pour une fois dominé... Mais que cherchait-il finalement ? Lui-même, bien que trop fier pour songer à l'avouer, était confus sur ce point... Certainement, il cherchait le dernier, mis à part sa propre personne, héritier de la famille Zèchiel pour le tuer et ainsi prendre à lui seul les rennes de la fortune familiale, les sept bagues à l'appui. Mais ensuite ? Bien sûr, l'argent et le titre plutôt avantageux d'«héritier des Zèchiel» lui assureraient une vie encore plus confortable que celle qu'il menait déjà, mais tellement fade et vide, finalement...

Schifezza ! *

Distrait, longeant une route tortueuse, l’Italien de France n’accordait que peu d’attention à ses pieds et, pour se venger, ceux-ci l’avait brusquement envoyé glisser sur les rochers. À nouveau jeté dans la neige...

Las, il préféra rester allonger sur le sol, fixant la falaise en décollant de son visage humide une mèche de sa crinière châtain. Un petit rire de cinglé, dépourvu d’humour, se fraya un chemin entre ses lèvres pour aller se perdre dans l'infini.

On dirait que ça amuse le ciel de faire tomber la merde qu'il récolte sur moi, décidément, déclara-t-il en bon dramaturge Italien, la sueur, contrastant avec le froid qui planait sur les alentours, traçant de pâles lignes sur sa peau rougie.

Riant toujours, il tourna la tête. Son rire se stoppa net, porté au loin par les échos montagnards.

Par l’on ne sait quel miracle, une pittoresque demeure se dressait devant lui, sortie d’on ne sait quel songe fantasmatique, cernée de quelques murailles sans utilité apparente dans un tel désert de glace.

Mais il ne croyait pas aux miracles.

Cette demeure était bien là, droite et fière dans l'aube naissante, tristement silencieuse dans un paysage entre nuit et jour où les montagnes noircies par l'obscurité matinale faisaient le lien entre un ciel tirant vers l'orange et un sol de neige bleuie...

Souriant comme le pire des détraqués, triomphant une nouvelle fois sur la nature, Pascalito se releva et se lança dans une course sans règles vers ce qu'il espérait ne pas être un mirage, sa démarche rendue ridicule par ses pieds gelés.

Il s'avéra que ce n'en était pas un puisqu'il fit tourner la poignée de la porte d'une main habile et entra comme s'il s'agissait là de sa propre demeure et se laissa tomber sur le parquet de bois bien ciré qui couvrait le sol d'un vaste vestibule, meurtri par le froid.

* Merde !

par **jandebohem** Sam 10 Jan - 20:49

Difficile ces temps-ci de s’extraire d’un environnement pas encore vraiment tapageur mais bien plus bruyant que d’ordinaire. Des bruits de porte incessants et même des conversations à bâtons rompus émanent régulièrement du vestibule. On aura tout vu !
M’en vais leur faire savoir comment être plus discret moi, il y a des gens qui travaillent et qui voudraient bien ne pas avoir à se trouver si piètre alibi pour justifier leur passage à vide béant.
Assez ravie, au fond de s’offrir une récréation elle descend l’escalier le plus lourdement possible

On prépare un congrès ici ou quoi ? dit-elle du même ton que la concierge s’adresse au ramoneur

mais il n’y a déjà plus personne à rudoyer dans l’entrée, ces gens sont d’une réactivité déconcertante puis son regard glisse vers le sol et tente d’identifier la chose qui y gît, sorte de … loque dépêchée par l’hiver, à moitié animée, et matérialisée en mode serpillière tentant d’éponger vainement la vaste flaque sous laquelle elle patauge.
Et ça fait des grands floc et ça fait des grands … pfflluitt alors elle dit, avec l'esprit d'à propos qui la caractérise

Jarnidieu merdouille et saperlotte, un si beau parquet en point de Hongrie !

par **PouyssWJr** Mer 21 Jan - 6:34

(Hop! Je teste un nouveau style d'écriture!)

Brrrrrrr!...
Il fait sacrément froid cette nuit.
De ma fenêtre, je peux voir le bastion qui est censé garder l'entrée du site.
Si massif, il en impose sacrément lorsqu'il n'est pas recouvert de neige.
Le seul problème, c'est qu'on n'a pas encore les moyens de recruter des gardes à y poster.
C'est bien beau d'avoir mis tout le budget dans la construction de cet énorme bâtiment mais il ne sert à rien s'il est vide.

En plus, avec toutes ces bourrasques de neige, c'est à peine si on le voit.
Un voyageur un peu distrait - et ce n'est pas difficile d'être distrait par ce temps - pourrait très bien en passer les portes sans même remarquer que ce tas de neige couvre un édifice de pierre.
Dès qu'on pourra se le permettre, je recruterai quelques gardes qui s'y relaieront.
Comme çà, ils pourront déblayer la neige, entretenir un feu et surveiller les environs.
Mais surtout, on pourra laisser les portes fermées et ne les ouvrir qu'à ceux qui montreront patte blanche.

Car là, çà ne fait pas sérieux: n'importe quel Aristo pourrait s'infiltrer ici et prendre d'assaut le pavillon.
Remarque, avec mamie dans le dortoir, je plains l'Aristo qui viendrait tenter de l'arrêter... si elle se réveille.
Elle est d'ailleurs là, dans le lit à côté, en train de ronfler à en faire trembler les murs.
Il pourrait y avoir des canonnades que çà ne la réveillerait pas.
J'aimerai bien avoir un sommeil aussi profond, moi qui ait tant de mal à dormir.

Qu'entends-je?
Un bruit dans le vestibule?
On dirait la voix de maman.
Je vais aller voir.

Raaaah, bon sang!
Mais où est la poignée de cette porte?
Il fait si noir ici.
Ah, çà y est!

Tiens, çà se confirme, on dirait: de la lumière en bas des escaliers.
Ce qui ressemble à un homme se trouve là, face contre terre.
La porte est grande ouverte et les bourrasques s'engouffrent.
C'est donc pour çà qu'il fait si froid.
Vu les maigres finances dont nous disposons, c'est un comble de gaspiller ainsi le peu de bois que nous avons en réserve.
Mais bon, la santé de cet homme est peut-être en danger.
Je me demande bien ce que fait maman debout à le regarder.
Autant aller se rendre compte de la situation.

Maman?
Dis-moi donc, que se passe-t-il?
Qui est cet homme et pourquoi git-il ainsi contre terre?
Est-il mort?

par **jandebohem** Mer 21 Jan - 22:25

Juste à l’instant ou elle se dit «Aïe, c’était pas ce qu’il fallait dire » parce, prise par surprise elle a combattu l’aspect dramatique de la scène par une réaction inconsciente consistant à passer d’une absurdité déguisée à une absurdité patente bien avant que Palo Alto ne le définisse comme un efficace mécanisme de défense … voilà que Junior l’assomme de questions. Tiens ! exactement comme il y a quinze ans, au couvent lescurien : pourquoi le soleil y disparaît la nuit ? pourquoi des fois y’a des cris dans la crypte souterraine ? et pourquoi ya des chaînes dans le confessionnal ? hein dis ?

Et bien, mon fils, je serais bien en peine de répondre à tes interrogations n’ayant pas fini d’analyser la situation mais à la réflexion, il me semble, sans grand risque de me tromper, que si nous ne lui portons pas secours sur le champ nous pourrions bien être jugés coupables de non assistance à personne en danger

Puis pour finir, péniblement la femme d’action enfouie tout au fond se réveille et, armée, casquée se met péniblement sur le pied de guerre

Vite, il nous faut et dans l’ordre : fermer la porte, relever notre homme, l’asseoir près du foyer, chercher des couvertures, une soupe chaude et des vêtements secs et puis … après seulement, non épongerons l’essence précieuse de ce parquet avant que la cire engorgée d’eau ne cesse de le protéger.. heu, le parquet, je veux dire !

par **PouyssWJr** Jeu 22 Jan - 1:00

Ah je reconnais bien là ma chère mère, qui se donne des airs glaciaux pour cacher son coeur tendre.
Pourtant, n'avons-nous pas assez de soucis pour nous imposer ainsi des problèmes supplémentaires?
Après tout, nos finances sont à sec à cause des idées de grandeur de l'Ermite.
Et tant que nous n'aurons pas de légitimité dans au moins un fief, nous serons à la merci des Aristos.
Donc, pourquoi s'embêter à supporter une charge supplémentaire?

Ou bien, on peut tout simplement allez le jeter dans les douves en contrebas du bastion.
Le temps que la neige fonde, la décomposition du corps sera bien avancée.
Et surtout, personne ne pourra nous accuser de ne pas avoir porté secours à un homme enfoui sous la neige.
En effet, nous pourrons argüer que nous ne pouvions le voir.

Après tout, si cet imbécile n'a pas conscience des règles élémentaires de prudence, en quoi pourrait-il nous être utile?
Il faut savoir trier le bon grain de l'ivrai si nous voulons survivre.
Car il s'agit bel et bien de survie.
Un arbre survit-il si ses branches mortes ne tombent pas?
La raison du plus fort est toujours la meilleure, n'est-ce pas?

par **jandebohem** Ven 23 Jan - 19:35

Ce qui force l’admiration chez son fils est son incroyable pragmatisme frôlant parfois la sauvagerie.
Elle se demande bien de qui il tient cette qualité d’ailleurs ?

J’entends dans ton argumentaire des choses fort justes, j’aurais pourtant deux ou trois objections

Comme elle déteste réfléchir debout, elle se jette dans les bras du premier fauteuil venu, près de la cheminée et de la pointe du tisonnier remue nonchalamment les braises dans l’âtre

D’abord, viens donc faire un tour à l’institut des sciences et tu découvrira qu’au contraire la neige empêche le processus de décomposition. En vérité, son corps sera au dégel, tel que nous l’y aurons jeté, appâtant tous les vautours du coin. Et derrière les vautours, sont les douaniers.

Note bien que ce n’est pas un apitoiement déplacé à l’égard d’un inconnu, non !

vivre, sembler mourir, revivre, périr pour de bon, quelle importance ! ce qui compte est de s’accomplir

mais enfin, observe que notre visiteur a visiblement lutté pour survivre. J’en déduis qu’il ne pensait pas tirer spécialement avantage à trépasser quelque soit l’entité qu’il sustente et entretien par sa foi.

Si donc, sauvé par nos bons soins il éprouvait envers nous une quelconque reconnaissance, nous pourrions en faire un allié, un de ces véritables alliés dont toute action bénéfique à notre égard reste invisible parce que soit, ils la taisent pour nous épargner, soit ils la dissimulent pour ne pas nous en rendre débiteur.

On pourrait dire …en quelque sorte … et bien comprends-le comme un faible investissement sur un capital à risque.

Alors, à mon avis, pour le tri de l’ivraie laissons faire la nature.
s’il n’est point mort après tout ce temps sans aucune assistance : et bien, c’est un solide gaillard non ?
qui pourrait au pire nous servir dans des tâches physiques parce que, vois-tu, j’ai le soupçon qu’ici, les uns et les autres nous nous complaisons dans l’étude mais pour ce qui est de l’action …

pousse un grand soupir

par **Pascalito** Dim 25 Jan - 6:43

Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent... Et ces « quelques-uns » semblaient s’être tous donnés rendez-vous dans ce coin de monde oublié.

Le fait de pouvoir écouter sans en avoir l’air les simagrées de deux de ces spécimens se traduisait en Pascalito en un étrange sentiment de puissance et de supériorité même si, en réalité et à en juger par les idées inquiétantes d’un des fous, il n’avait jamais été aussi pathétique et à la merci d’autrui...

Qu’était-ce que cet endroit ? Sur le sol de quel poulailler fantaisiste venait-il de s’écrouler ? Était-il arrivé dans cet enfer si menaçant que décrivait l’Église et tellement craint par ses fidèles ?

Non, bien sûr. D’ailleurs, il n’était pas croyant.

Dans son dos, le froid continuait à le happer vicieusement. Sous son torse, une flaque d’eau s’élargissait à mesure que son corps réchauffait ses vêtements. Au dessus de lui, non loin, les deux aliénés mentaux continuaient à débattre sur son sort sans pourtant lui accorder réellement leur attention.

Deux choix bien différents traçaient devant lui deux chemins bien distincts : Soit il fuyait au dehors malgré le froid auquel il avait déjà tellement gouté ou soit il imposait son autorité sur ces êtres inférieurs.

Le second chemin, au vu de ses engelures, lui semblait infiniment plus accueillant que le premier. Mais à cause de ces mêmes engelures, il lui sembla bien vite évident que même deux attardés ne se laisseraient pas dominer par lui.

Après tout, ils étaient deux et en pleine forme tandis qu’il était, pour sa part, seul au combat et faible.

Malheureusement, horriblement, tristement, il ne lui restait qu’une seule carte : Son don pour le théâtre. Il devrait donc jouer la brebis égarée et blessée...

Le jeune homme releva sa tête débraillée et observa les deux fous. Une femme plutôt mûre et un homme qui semblait un peu plus jeune que lui.

La partie était presque gagnée d’avance.

Mi scusi... Excusez-moi ?

Un râle de douleur à la fois volontaire et involontaire traversa la barrière de ses lèvres en même temps que ces quelques mots franco-italiens.

Je préfère l’idée de madame, si cela ne vous dérange pas, dit-il en réprimant un sourire amusé par sa propre ironie.

Samuel Beckett, extrait de "En attendant Godot".

(Désolé de mon grand retard !)

par **PouyssWJr** Mar 27 Jan - 1:20

Toujours la même histoire...
Certains hybristes font preuve d'une navrante et systématique compassion.
D'autres au contraire sont de furieux destructeurs assoiffés de sang.
Mais ni les uns ni les autres ne se préoccupent le moins du monde des conséquences.
Le pire est d'ailleurs l'ermite, grand naïf incapable du moindre pragmatisme.
Et quand il s'agit de corriger le tir, qui c'est qu'y s'y cogne?
Toujours le même...

Mais au moins maman argumente efficacement son point de vue.
Elle sait concéder lorsque c'est nécessaire mais toujours pour mieux convaincre ensuite.
Une sorte de donnant-donnant rhétorique où elle récupère à chaque fois plus que sa mise.
Mais au moins, çà me change des délires obsessionnels de Julien Offray...
Et puis, peut-être a-t-elle raison après tout.
On devrait bien trouver quelque chose à faire de cette loque humaine.

Tiens, le voilà donc qui parle.
Encore une âme perdue originaire d'orient.
Après les grecs, les italiens.
La prochaine fois, on aura droit à un mongol...
Pffff...

Tiens donc! Cà parle!
J'imagine même que çà a un nom, malgré son allure de souillon.

Mère.
Si vous tenez tant que çà à supporter la compagnie d'une telle loque, je vous en laisse le loisir.
Mais n'oubliez pas que le loup romain mord la main de qui le nourrit.
Les cons, çà ose tout. C'est même à çà qu'on les reconnait.*

(* Michel Audiard, "Les tontons flingueurs")

par **jandebohem** Mar 27 Jan - 20:05

(new style façon roman de gare)

Voilà ! je l’ai encore contrarié pense-elle car il ne lui a pas échappé que quand il la vouvoie c’est que ça chie. Pourtant, dans ces moments ou il se montre dur et intransigeant elle ne voit qu’un enfant vulnérable. Elle s’approche mais entre eux il y aura toujours cette faille en comparaison duquel le rift africain est un nain, l’éternel reproche d’une faute originelle qu’il croit personnifier comme s’il lui en voulait de l’avoir mis au monde

Et dans un murmure de taverne

Tu sais, on peut encore s’en débarrasser si tu y tiens

Puis elle lui replace une mèche rebelle contre la tempe et sans attendre se dirige vers l’étranger parce qu’elle pourrait bien perdre pied si elle se laissait envahir par les émotions

Et se penchant au dessus de l’homme en guenilles

alors, qu’est-ce qui vous amène ici, mon brave ?

comprende ? capisce? вы понимаете ?

par **Pascalito** Mer 28 Jan - 5:11

On dit que le corps humain est constitué principalement d’eau... À en juger par l’évaporation soudaine du sourire en coin du jeune homme, on peut en déduire que c’est bel et bien la vérité vraie dans toute sa splendeur.

Ces deux attardés faisaient comme si les rôles avaient été inversés, comme s’ils étaient supérieurs à lui ! «Ça », « souillon », « loque », « con »... Tant de petits surnoms en susucre qui, selon lui du moins, ne convenaient guère à Pascalito Zèchiel. Et cette femme qui se penchait sur lui et lui parlait comme si son cerveau n’était pas plus développé que celui d’une poule...

Il était outré, mais il n’en laissa rien paraître et continua à jouer son rôle, jetant tout de même un regard hargneux au mâle de ce couple de spécimens.

Oui, je comprends, dit-il avec une douceur tendre mais impassible.

Le jeune homme tenta, en vain, de placer son corps dans une position plus confortable. Il cherchait une réponse à la première question de la femelle... Comme ces deux idiots lui semblaient trop stupides pour comprendre ce qu’il disait, il décida de leur dire la vérité... En partie, du moins.

J’ai du quitter Rome en urgence et mon navire s’est échoué au large de ce coin de monde perdu, ajouta-t-il avec la certitude de tromper à merveille ces deux fous. Il s’agit ici d’une auberge, non ? Laissez-moi vous dire que vous traitez bien mal vos clients...

par **PouyssWJr** Mer 28 Jan - 5:41

Une auberge?!?
Non mais pour qui il se prend, le pouilleux?
Vous êtes ici dans le pavillon de l'Hybris, à Gavarnie, là où règnent les maîtres du vrai savoir et où on fait amèrement regretter leurs paroles aux clochards miteux dans votre genre!

Mère, faites-en ce que vous voulez.
Moi, je ne tiens pas à endosser la responsabilité de rameuter tous les traines-patins de la région.
Voyez, il prétend avoir fait plus de cent-cinquante lieues depuis les plus proches rivages.
Il nous prend vraiment pour les derniers des encrottés.

Libre à vous de l'accueillir, mais sachez que s'il parle ainsi à mamie, il regrettera de ne pas avoir fini enfoui dans la neige...

par **Pascalito** Jeu 29 Jan - 4:59

La grenade avait été dégoupillée...

Pouilleux... ?

Et lancée...

Clochard miteux... ?

Ce n’était plus qu’une question de temps avant son explosion...

Traine-patins... ?

3...

2 ...

1.

Une onde glaciale traversa la pièce, sans aucun rapport avec la porte ouverte sur le paysage froid et désert des Pyrénées... Seul un fou aurait été assez sot pour rester planté devant le jeune homme à cet instant précis, les radiations de colère émanant de ce corps à l’apparence faible le traversant de bord en bord, contaminant ses entrailles... Et, amusante coïncidence, il y avait justement deux fous dans la même pièce que lui à ce moment-là.

Pascalito se traina sur le parquet de bois humide vers l’homme dont il agrippa les jambes, escaladant son corps étrangement immobile jusqu’à atteindre son visage, serrant entre ses mains les épaules de cet attardé...

Pouilleux, clochard miteux et traine-patins... ? Giovanne pazzo! Ne parle pas sans savoir ! hurla la bouche du jeune homme à quelque centimètre de la bouche de l’autre jeune homme. L’espace d’une infime fraction de seconde, le bout de leurs lèvres se touchèrent...

Idiota ! ajouta-t-il poussant avec violence son interlocuteur au sol, inversant les positions et se tenant maladroitement debout sur ses jambes un peu chancelantes.

Tu me crois pauvre ? Je suis un Zèchiel ! s’exclama-t-il avec l’arrogance la plus arrogante possible. Le manteau que je porte vaut à lui seul plus que ta misérable baraque perdue !

Ces bouffons se croyaient supérieurs à lui... C’en devenait presque humiliant...

Le « vrai savoir » ? Conoscenza ? Tu crois le détenir ? Elle est bien bonne, jeune sot ! dit-il en crachant au visage de ce dernier.

Et de tourner les talons en jetant des regards méprisants autour de lui.

Cet endroit n’a rien d’un temple du savoir... Questo sembra il naso in mezzo alla figura! hurla-t-il en avançant en boitant vers une pièce sur laquelle débouchait le vestibule. Quelques papiers jaunis et couverts d’encre – Ou d’écriture ? – s’étalaient sur une petite table de bois, non loin. Avec un sourire vicieux, il s’en approcha les jetas au sol, en saisissant quelques-uns au passage.

L’ « Hybris », lut-il d’une voix haute et haut-perchée. Quel nom ridic... L’Ermite ?

Le nom lui avait sauté aux yeux parmi tant d’autres mots, quelque part sur la page... Il avait capté son attention comme un aimant... Ce nom, il le connaissait.

Sa tante le connaissait... Les cours de Rome aussi, par la même occasion.

Ne s’était-il pas fait narrer pour se réconforter quelques histoires sur les personnalités que sa tante avait rencontrées alors que cette dernière était sur son lit de mort ? Et ne s’était-il pas fait raconter cette courte rencontre entre deux esprits pleins d’idées folles ? Et un de ces esprits, ne portait-il pas ce nom ?

Puis à Rome, ne le prononcions-t-on pas à voix basse en jetant quelques regards inquiets autour de soi ?

Je connais ce nom, dit-il un peu bêtement en restant figé dans la pénombre matinale, la feuille entre les mains, laissant les deux fous piailler derrière lui...

par **jandebohem** Jeu 29 Jan - 22:20

Elle en est encore a pesé le pour et le contre
Bon … si on arrive à obtenir quelque chose d’utile de cette épave, on aura bien vite oublié que c’est grâce à ton intervention mais si, au contraire elle nous pète dans les doigts, tu les entends les critiques acerbes ?

Soudain le fléau de balance allégorique bascule et d’un coup, le plateau du contre vient cogner bruyamment le sol mou de ses régions sous-corticales faut dire qu’il y va fort Junior, elle l’a déjà remarqué mais c’est de plus en plus visible : depuis que sa grand-mère est là qui exerce sa mauvaise influence il devient grossier, limite vulgaire

Si bien que, piqué au vif le visiteur dévoile enfin sa vraie nature d'immigré psychopathe. Tous ses compteurs s’affolent et il devient incontrôlable.
Evidemment, elle sait bien comment apaiser la morgue de ces êtres foutraques qui affichent avec fierté leur complexe d’infériorité majeur, depuis tout ce temps qu’elle a traîné à Rome ! Mais ... pas envie

Par les saintes braies de Nitouche vous allez la boucler ? c’est un lieu d'étude et de culte ici !
si ça continue j’appelle l’Ontologue moi, il en a anéanti de plus coriaces, croyez-moi !

par **PouyssWJr** Ven 30 Jan - 0:47

Aïe!
Il est fou, ce type.
J'en ai marre de ces gens qui viennent jusqu'ici juste pour m'agresser.
Mais bon, je ne vais pas réagir comme la dernière fois.
...
Siiiiii... Tue-leeeee...
Tranche dans ses chairs au fil de ton épée.
Fais-lui ravaler ses paroles...
Assassin! Assassin!
...
Mais tais-toi donc, maudite voix!
Je ne suis pas un assassin!
Je n'ai fait que me défendre.
Ce jeune homme n'en veut pas à ma vie.
Je ne prendrai donc pas la sienne...
... quoi que tu en dises.
Alors, maintenant, tais-toi!
C'est compris?

Hé ho!
Tu m'écoutes?
Bon, tant mieux, bon débarras.

Mère, pardonnez mes paroles abruptes.
Je ne sais pas où j'en suis en ce moment avec la mise en place de notre culte.
Mais bon, celà me regarde et n'a pas à rejaillir sur vous.

Il semble que ce jeune homme quelque peu abrupt ait entendu parler de l'ermite.
Et si nous allions nous enquérir au sujet de cette surprenante révélation?
Qu'en dites-vous?

par **jandebohem** Ven 30 Jan - 19:26

Alors, sous ses yeux qu’elle ne croît plus, le fils prodigue replie instantanément sa dernière métamorphose comme s’il était habité de divers tempéraments qu’il escamote à volonté, d’un revers de manche et … c’est peut-être encore plus inquiétant que ce nouveau mode d’expression à la mode de mère-grand si discourtois

tu le penses vraiment ? mais comment un personnage aussi extravagant pourrait-il envisager l’existence de la moindre parcelle d’orteil appartenant à l’être le mieux épanoui du monde. Ce serait une folle conjecture … et je ne crois pas au hasard, tu le sais bien.

je le dis tout net, si l’individu nous met en scène une nouvelle révélation, je demande des gages car il m’a tout l’air d’un tragédien monté en neige, tout en concetti et rodomontades

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