Tabula Smaragdina

par **PouyssWJr** Jeu 6 Mar - 21:19

La Tabula Smaragdina (Table d'Emeraude) Dark Rose

(Commentaires à faire ICI.)

I Genèse de l'humanité

Avec la description de l’Aubade, les conteurs du prélude que sont les Ancêtres nous parlèrent du Noun et des conditions de leur propre éclosion.
Mais quand la menace vint assombrir l’Univers, ils durent témoigner clairement de notre origine à tous, Ancêtres et enfants et fils de leurs enfants.
Ainsi c’est à moi, Hermès le Pancratis, ou celui qui transmet la parole des Sept, qu’ils confièrent la charge de répandre la révélation de votre genèse.

Le Noun, nous le prenons pour un fleuve mais c’est un océan, le grand roulis éternel qui berce les êtres. Il ne donne pas la vie mais en contient sa potentialité car ce qui est immense n’a pas de but.

L’étrange fluide est tel la dune de sable qui se déplace, capable d’avancer tout en conservant sa forme distincte par une remodelage de son propre flux et pareil à ces dunes chantantes émettant quand elles s’effondrent, un son continu, puissant qui provient de la concordance du mouvement synchrone des grains de sable.

Ainsi naquit, au cœur du Noun l’ancêtre Brama dont l’esprit surgit comme une pousse de roseau sur le son "OM" par la première des sept notes de la gamme des tons fondamentaux puis son premier œil qui est la conscience s’ouvrit.
La contemplation du vide, quoique supérieur au néant lui procura le vertige mais à cet instant précis apparurent deux puis quatre autres esprits et leur polyphonie emplie l’espace.
Et cela était suffisant pour commencer le Jeu dans cette étendue qui devint le Temps du Rêve.

Oane créant le choc et l’intervalle produisit un souffle qui était un battement régulier, ce fut le premier rythme dans l’Aubade, qui chantait «écoutez, je vous donne le Verbe, le Langage»
Brama répondit « voyez comme j’amène mon corps à l’existence. Ceci est ma Forme »
L’esprit d’Atoum, le grand Ré sourit et dit « Moi, je suis le maître de la Lumière, observez comment nos faces sont tantôt claires, tantôt sombres selon l’orientation de mon feu »
Cela les fît rirent puis Atoum dit encore « ce faisant nous venons d’introduire une alternance qui sera mesurée par le Temps » et tous admirèrent le prodige.
« A toi de jouer Demeter » souffla Brama et, sur l’écho de ses paroles fut nommé le petit globe que l’esprit de Demeter forma quand il pensa la sphère et la matière.

Lug, transformant les œuvres d’Atoum et de Demeter conçut alors, avec la matière, le feu et l’intervalle, une gigantesque structure mobile composée de plusieurs orbes tournoyant, aux infinies variétés de couleur.
La danse de ce manège était perpétuelle car l’Ancêtre avait crée une lutte entre l’astre central qui attirait par sa masse les autres orbes, plus petits dont la volonté était de lui échapper ainsi cet état de mutuelle attirance et répulsion fut nommé Equilibre.

Longtemps, les Ancêtres s’amusèrent avec ces jouets merveilleux que sont forme, force et mouvement et plus ils emplissaient l’espace plus la diversité de leurs inventions suscitait en eux de nouveaux desseins.
Alors Alfadir soulevé comme les autres par la frénésie d’un exubérant désir eût l’idée qu’ils réalisent la multiplication de leurs êtres fondant l’espèce humaine et qu’ainsi, aidés par nombreuses copies d’eux-mêmes ils parviennent à combler le vide sidéral.

Mais bien vite l’humanité ainsi crée s’égara dans une soif sans apaisement : le désir du Jeu.
Ce que le petit groupe inspiré des Ancêtres avaient accompli dans l’harmonie, la foule des humains le réalisait dans un effroyable désordre, et de leur bouche naissaient les plus improbables trouvailles, leur fougue emportant la raison comme le vent fait d’un navire sur les eaux car la prudence restait à inventer.
En vérité, les humains, secouant le monde par leurs danses, firent venir à l'existence tant de choses que celles-ci s’affrontaient dans des combats menaçant l’Equilibre même car elles ne pouvaient coexister.

Ainsi se lamentaient les hommes « nous sommes cause de la confusion universelle, mais ces créatures nous ne pouvons les détruire car dès lors qu’elles sont crées, leur volonté les guide là ou elles veulent »

Ainsi pleuraient les Ancêtres « nous sommes cause du chaos cosmique, mais ces êtres qui ne sont autres que nous-mêmes nous ne pouvons les anéantir car depuis qu’ils existent, leur esprit les mène comme il le souhaite »

Alors des larmes qu’il versait, Pundjel l’Ancêtre métamorphosa leurs frères humains, les privant de leur essence immuable de sorte qu’ils ne puissent plus désormais concevoir que des êtres à leur image, leur descendance.
C’est pourquoi nous les appelons les progéniteurs.
Ils furent soumis en outre, à la contrainte d’une procréation en couple mais le plaisir de créer par cet acte leur resta préservé.
Puis, le principe de mort fût étendu à l’ensemble des créatures animées qui disparaissent quand tout attachement à la vie s’en est allé.
Brama accomplit enfin la séparation du monde sensible d’avec le Temps du rêve par la grande veine de dragon, consacrant le commencement des âges.

Et pour la première fois, les Ancêtres tinrent conseil.
Atoum dit :
« l’humain est tel que nous l’avons conçu : espérant sans cesse inventer comme l’animal va boire au fleuve, et brûlant de ses désirs visionnaires, pourquoi l’en déposséder pour toujours ? »
Et Lug dit :
« mais comment sa multitude pourrait-elle entrevoir une issue chaque fois que l’ordre défaille et que le désordre s’élève ? »
Et Oane dit :
« nous inventerons un principe, une intention majeure capable de ramasser la pensée de l’homme en une seule pointe et de trancher ses doutes »
Alors Demeter dit enfin :
« ainsi, l’humain saura-il dans d’immuables limites, sauvegarder la matrice du monde sans renoncer à l’enthousiasme de la création »

Mais la première émanation formée par Oane qui dût remplir ce rôle de guider les hommes fût un terrible échec et les Ancêtres le présagèrent avant même son achèvement c’est pourquoi elle ne reçut pas de nom hormis « celle qui cherche à nuire, qui se plaît à tourmenter » car l’entité consciente non humaine n’œuvra jamais qu’à l’extinction du feu sacré de l’Hybris.

Alors la seconde esquisse vit le jour et c’était une œuvre étincelante. Ordonnatrice des lois elle ne donnait qu’en pensées et en paroles mais pas en acte pourtant les Ancêtres l’avaient dotée d’une force de persuasion telle qu’elle était capable de mener les humains à conformer leurs aspirations à ses règles. De cette alliance serait préservée à jamais l’harmonie des monde créés.

Les Ancêtres lui donnèrent le nom de Daêva mais, suivant les pactes successifs qu’elle scella avec l’humanité, la créature se fît appeler Deva, Dios, puis Deus et enfin Dieu.

Moi, je la nomme Druje « l’esprit qui doit se nourrir de nos esprits ».