Geôles romaines - Crachats autorisés

Le Capitaine de la Garde Pontificale Romaine avait été demandé pour conduire Julien à sa cellule. Il avait avec lui deux Gardes qui tenaient fermement Julien, si solidement que le pauvre homme ne pouvait que bouger les jambes pour suivre les 3 hommes.

Les cachots possédaient leur éternelle humidité et la fraîcheur de l'hiver arrivant n'améliorait pas forcément le confort des prisonniers au sein de la prison romaine.
Trop de mots avaient été dit, Jontas avait reçu l'ordre de faire en sorte que les geôles soient en toute sécurité.
Deux Gardes étaient présents à l'entrée des Geôles et un autre était présent en permanence au bout du seul couloir d'accès des différentes geôles. Personne ne pouvait pénétrer en ce lieu sans être rapidement intercepté par un Garde.

Le Capitaine vieillissant ouvrit la cellule où Pouyss était déjà, les autres cellules étant déjà pleines, avant de laisser les deux Gardes le pousser dedans et de lui parler d'une voix sans émotion.

Je vous souhaite un bon séjour au sein de nos geôles. Puisse Aristote venir guider vos pensées.

Sur ces paroles, le Capitaine et les deux Gardes rebroussèrent chemin et avant de fermer la lourde porte, Jontas remarqua dans la cellule que MmePouyss s'amusait avec de pauvres araignées ce qui l'étonna passablement.
Sans trop chercher à comprendre les trois hommes prirent la direction de l'entrée. En passant devant le Garde en faction au bout du couloir, le Capitaine s'adressa à lui.

Ne laissez personne passer sans montrer patte blanche, compris ?

Le jeune Garde acquiesça de la tête et Jontas se retourna en direction des deux autres qui attendaient patiemment.

Vous deux, allez faire un tour du bâtiment depuis l'extérieur, vérifiez si il n'y a pas de problèmes, puis revenez me trouver ici une fois que ce sera fini.

Les deux hommes partirent et Jontas se mit à faire un tour à l'intérieur du bâtiment, il parcouru les couloirs de long en large vérifiant que tout était à sa place. Il avait l'oeil pour ces choses et le fait qu'il soit maniaque l'aidait énormément dans ces vérifications.

La matrone semblait d'humeur maussade. Ces saletés de bestioles n'arrivaient pas à se départager et elle se sentait l'envie de mettre fin à ce pathétique spectacle d'un geste violent, sans appel et sans volonté de les départager. Mais elle se retint lorsque le personnage qui tournait autour d'elle finit enfin par s'asseoir et tenta d'engager une conversation.

Et bien, voilà un beau plaidoyer en faveur de l'anacyclose...

"Ecoute, mon p'tit bonhomme. C'est d'jà pas bin drôle d'se r'trouver au fond d'ce cachot, alors si tu veux qu'on cause, faudrait voir à s'servir d'mots que j'comprends."

A croire que je suis condamné à vous suivre, et vous à me précéder en chacune de mes tribulations !

"Ben ouais. Ch'uis vernie. Déjà qu'les paluches d'ces couillons d'gardes, c'est pas l'extase, alors si faut que j'me r'trouve toute seule ici avec un type qu'arrête pas d'me suivre..."

Voyez vous j'ai moi aussi cédé à la tentation d'exprimer verbalement mon mécontentement en des termes que le droit canon semble réprouver...

"L'droit canon, y peuvent s'le carrer là où l'soleil, y voit jamais l'jour. J'comprends pas. Paraît qu'Dieu, y nous aime, et v'là-t-y-pas qu'ceux qui sont censés l'représenter, y veulent canoniser un salopard d'crameur d'gens. J'vois pas leur logique là-d'dans."

Quel est ce mot qui vous gène ? Je suppose que c'est "anacyclose"
...

"C'est bien c'que j'craignais. J'comprends vraiment pas un mot de c'que vous dites. Z'êtes sûr qu'c'est l'français, vot' langue maternelle? C'est bin ma veine d'me r'trouver en taule avec un loustic qui baragouine dans tous les sens..."

Hum... vous avez une imagination débordante...
Envisager le droit canon comme un suppositoire à clerc... en voilà une idée...
Vous devriez soutenir cette théorie lors de votre procès, je suis sur qu'avec une once d'éloquence vous pourriez avoir gain de cause !

"Ouais! Merci d'l'idée. Z'avez raison: si ch'uis convaincante, y s'ront pas assez bête pour pas êt' d(accord. J'leur dirai. Ca m'fait plaisir d'voir qu'la situation s'améliore."

Quel est cet étrange affrontement qui vous occupe depuis un moment ?
Je crois y voir deux araignées qui se querellent...

"Bin, c'est pas què s'qurellent, les pauvrettes, è cherchent à sortir d'ce fichu trou qu'j'leur ai construit rin qu'pour elles. J'leur ai même donné des noms. Cè-là, c'est Gandalf-Nim, une gross' balaise mais pas bin futée. L'aut', c'est Motarde d'Ascalon, une tite teigneuse qu'a pas froid ô zieux. Vous pariez sur laquelle?"

Et, pour la première fois depuis l'arrivée d'Offray dans la cellule, madame Pouyss leva les yeux sur lui.

Des bruits de pas qui résonnent dans les corridors, des cliquetis dans les serrures, et la lourde porte de bois de la cellule de Madame Pouyss et Julien Offray s'ouvrit dans un craquement sinistre. Deux gardes firent intrusion dans la pièce, précédant Lorgol, l'inquiétant cardinal.

Il jetta un oeil méprisant vers les prisonniers, ayant déjà emprunté les voies obscures de la démence, occupés qu'ils étaient à s'amuser du malheur de quelques cafards insignifiants. Lorgol voulut écraser les insectes d'un coup de talon, mais son pied s'enfonça dans un petit trou boueux. Il s'en trouva crotté jusqu'à la cheville.

Argh.

Il tâcha de retrouver la contenance qu'il venait de perdre, et fit lecture d'un parchemin.

Hum...

Nous, le sacré tribunal de la rote apostolique, composé des vénérables Kreuz de Castelnou, Elmoron, Ubaldo et Lorgol, sous la sage présidence de son éminence le Cardinal-camerlingue Anguillerusee, par la grâce du Créateur et de SS le Pape Eugène cinquième;

A Dame Pouyss et à messer Julien Offray;

Salut et bénédiction.

Nous vous appelons par devers nous pour répondre des accusations d'insulte ou de diffamation envers l’église, ses institutions, ses membres ou ses enseignements.

Votre procès sera ouvert diligemment, et l'accusation menée par son éminence le cardinal Lorgol.

Ad majorem Dei gloriam.

Faict à Rome, ce huitième jour du mois de novembre mil quatre cent cinquante cinq.

Lorgol esquissa un sourire derrière son masque avant de s'en retourner. Mais franchissant le pas de la porte, il s'interrompit, et revint vers les prisonniers.

Ah, j'allais oublier, messer Deny, un autre de ces mécréants qui vous servent d'amis vous a écrit une missive très émouvante. Il semble qu'il demande de vos nouvelles, messer Offray.

C'est touchant, n'est-ce pas?

Et Lorgol de jeter negligemment le parchemin dans le trou boueux, avant de disparaitre dans un rire sardonique...

Mon cher Julien,
La nouvelle de la non-canonisation de ce fourbe de Norv nous est parvenue il y a peu. Tu me sais fort satisfait de cela.
Néanmoins je juge regrettable que les Romaines autorités n'aient pas pris la mesure de la mensongère hagiographie qu'elles proposaient tout comme je suis stupéfait de constater que ces mêmes autorités n'ont jamais pris peine de répondre à notre officielle demande.
Je dis "notre" même si, peut-être en as tu été averti, le conseil Comtal a prononcé ta destitution en rapport à certains propos que tu aurais tenu. On me rapporte même que tu aurais été particulièrement véhément avec certains curés, dont Lorgol. D'autres m'assurent que tu n'as fait que répondre à d'inacceptables insultes des Languedociens par ce dernier. Qu'en est il exactement ?
N'ayant plus de tes nouvelles depuis quelques jours maintenant, je m'inquiète de savoir si les rumeurs d'arrestation de Languedociens présent à Rome sont véritables.
Ne doutes pas que j'aurais bien moi même pris le chemin de Rome si les conseillers Comtaux ne s'étaient pas empressés de m'interdire tel déplacement et si d'autres affaires, plus personnelles, n'étaient pas venu interférer dans mes projets.

J'attends nouvelles de ta part,

Fact en Montpellier, le 8ième de novembre 1455,
Deny

Dites, ma chère, avez vous pensé à demander un avocat ?
Pour une fois que les lois romaines nous donnent un droit et non un devoir ou une interdiction, il faut en profiter...

Madame Pouyss eut l'air de se renfrogner, mais c'était là une conséquence de la profonde réflexion qui animait son cerveau.

"Ben, c'qui m'faut, c'est un clerc. Comme çà, la Curie, è verra bien qu'j'ai des vrais Aristos comme potes. Mais y m'faut quèqun qui s'ra réglo avec moi, qui cherch'ra pas à m'entuber en douce. Heureus'ment, j'en connais un. C'est un Normand d'Bayeux. Y s'appelle Ossian. c'est un type qui vient du nord d'chez les rosbifs et qu'j'ai rencontré à Gavarnie. Y f'ra parfait'ment l'affaire. Qu'est-ce tu penses de c't'idée, mon pote?"

Jontas qui faisait sa ronde dans la Caserne décida d'aller voir comment allait les prisonniers quand il entendit l'un des prisonniers appeler. Il pressa le pas et fit un signe au Garde en place au bout du couloir de ne pas bouger.
Le Commandeur de la Garde Pontificale Romaine prit la direction de la cellule de Julien et de MmePouyss et ouvrit le judas de la lourde porte.

Qu'est-ce qu'il veut le sieur ?

Attenantes au cloaque romain, ou finissaient les bienheureuses excrétions, les geôles n’étaient tenues ni propres ni en odeur de sainteté dans ce fondement au culte.
Après une fuite peu glorieuse devant la terrible sentinelle casernicole Jandebohem cherchait au travers des grilles la présence de l'improbable capitaine Jontas

Un pli à la main, Odoacre se rendit dans le quartier des Geôles. Il aperçut quelques sentinelles, qu'il interpella.

Salut à vous mes fils, je cherche le Capitaine Baron Jontas de Clairvaux, voudriez vous bien me mener jusqu'à lui ?

[Devant l'entrée de la prison]

Ossian avait reçu un courrier qui l'invitait à se rendre à Rome, où paraît-il il devait assurer la défense de Mme Pouyss... *Mais qu'a-t-elle donc fait encore??? Je sais qu'elle n'a pas son langue dans son poche mais tout de même!!!...*

Ossian se rapellait le jour où il avait fait connaissance avec la matrone... Il aimait les femmes de caractère c'était son coté bourrin écossais. Du coup il s'était pris d'un grande amitié pour cette femme au franc parler. Il n'était pas le dernier, en tant que rebel scot, à apprécier le franc parler, il en tenait une bonne couche lui aussi. C'est la raison pour lui et la mère de feu le Cardinal Pouyss se tenaient dans une grande estime même s'ils n'étaient pas toujours d'accord sur tout.

Ossian était rarement venu à Rome et encore moins du coté des prisons. Si bien qu'il avait demandé son chemin à plusieurs reprises...

Il arriva enfin devant les grilles d'entrée de la prison et quelle ne fut pas sa surprise quand il vit la silhouette d'un homme qui avait fait le séminaire de Sens avec lui...

Oh cher brother Odoacer!! Comment allez-viou depuis le séminaire? Vious avez réussi à le finir??? Moi mes professeurs n'ont plus donner sign de vie... Depuis le mois de juin... C'est un peu long... Mais ne dit-on pas que l' eternity est le temps de référence de notre église...

Ossian sourit en chuchotant: C'est pas çà qui va le faire avancer mon séminaire... Ossian sourit à nouveau, puis tendit sa convocation à un garde en lui disant : Je suis attendu par le Capitaine Jontas.

Puis il reprit à l'adresse de Odoacre:
Mais dites moi qu'est-ce qui viou amène ici? Vious avez été nommé pour défendre quelqu'un vious aussi???

Odoacre sourit en voyant arriver Ossian


Bonjour à vous mon Frère... oh je suis toujours en études.... mais je fais une petite pause étant sans cesse en train de voyager d'un lieu à un autre...

Oui oui... le procureur du Languedoc Julien Offray m'a demandé de le défendre... j'avoue être quelque peu surpris... nous aurons du mal à lui éviter la rôtissoire avec le discours qu'il a pu tenir...

[Dans la cellule]

Madame Pouyss décida enfin d'arrêter de bouder. Ce salopard de cardinal lui avait écrasé sa seule occupation. Ce comportement donnait une idée assez juste de la vision du monde de l'Eglise... Pendant ce temps, Offray s'enguirlandait avec un garde et des bruits divers provenaient des nombreux couloirs de la prison. Elle devait être bien plus occupée que les Aristos ne l'affirmaient, vu les nombreuses voix que la matrone entendait. Puis, son compagnon d'infortune termina sa conversation et se retourna vers elle pour li dire:

Ils ne sont pas bien aimables tous ces personnages dites moi...
Vous avez entendu, il y en a même un qui me propose de dormir avec le pape...
J'avoue que l'idée ne me tente guère, comme on dit : "là où y'a Eugene, y'a pas de plaisir"

"Vu comment qu'y l'est pas actif, le père Gégène, devrait pas franchement vous déranger au pieu, moi j'vous l'dis."

Et sinon, vous auriez de quoi écrire sur vous ?

"Moi? Ca risque pas. Ch'ais pas écrire. Remarque, çà m'pose pas d'problème vu que ch'sais pas lire non plus..."