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Discussion entre Junior et Funeral

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Message par PouyssWJr Jeu 7 Aoû - 18:12

Lieu : Place publique de Rodez, Gargote Rouergate
Personnages : Junior, Funeral
Date : Début août 1456
Cadre : le conseil comtal Rouerguais étant en crise, l'évêque de Rodez, Odoacre, s'est publiquement autoproclamé comte pour virer le comte élu mais incompétent. Pas de bol, ledit comte venait tout juste de se faire virer. Bref, un gros pataquès où Odoacre se fait lyncher verbalement par tout le Rouergue. Quant à Junior, il est venu à Rodez car c'est la voix qui le lui a demandé. Lui espère trouver enfin le fin mot de cette histoire (quel naïf!) et comprendre à quoi va bien pouvoir lui servir le couteau de Lescure. Funeral, archidiacre d'Odoacre, est en train de défendre son évêque quand Junior arrive.

PouyssWJr a écrit:Une petite araignée noire attendait patiemment au centre de sa toile. Immobile, elle savait qu'il était inutile, et même contre-productif, de se précipiter. Quelle intérêt de courir après sa proie lorsqu'on peut tout simplement attendre qu'elle vienne se servir elle-même sur un plateau. Deux mouches voletaient gaiement. L'une, énorme et verte, vrombissaient d'un bruit assourdissant. L'autre, fine et noire, la suivait en silence. Alors que le gros diptère attirait sur lui les mouvements agacés des humains sur lesquels il se jetait avidement, l'autre en profitait pour les piquer par surprise. Attaquer la première de front était le plus sûr moyen d'avoir la seconde dans le dos. La petite araignée le savait et la patience était sa meilleure alliée. Il finit par voir l'occasion idéale se présenter. Alors que la grosse mouche vrombissait à qui mieux-mieux, la petite se laissait emporter dans son élan et se prit une aile dans la toile de son prédateur. Celui-ci aurait sourit s'il avait une bouche. Mais au lieu de çà, il étendit ses huit longues pattes et s'approcha lentement de sa cible.


Junior était arrivé le soir même à Rodez. Sa monture épuisée avait dû galoper frénétiquement depuis Ventadour pour que son cavalier arrive à temps. Mais il y était arrivé, et le cheval avait eu droit à une énorme botte de foin en guise de récompense. Comme quoi, en ces temps troublé dans ce comté ruiné, il valait mieux être un cheval, même fourbu, qu'un paysan.

Junior se régalait. Mieux: il exultait. La voix s'était montrée très bonne conseillère. Il pouvait ainsi revoir cet étrange personnage qui avait jadis été l'avocat de sa grand-mère lors du procès à Rome. Il comprenait maintenant pourquoi la voix l'avait guidé jusqu'ici. Il devait aller voir ce vieil homme qui se prétendait à la fois évêque et comte pour lui poser des questions sur ses origines. Mais quel serait l'utilité du couteau? Serait-ce un cadeau d'amitié ou l'instrument d'un nouveau meurtre? Bah! L'avenir le dirait. Et comme il se faisait soudainement plus clair, il prenait une teinte des plus agréables.

Il faut dire que ces derniers mois avaient été des plus sombres, notamment le voyage des récentes semaines, que Junior avait accompli avec le vieil ami de son père. Comme quoi, tout était lié dans cet histoire. Tout le ramenait sans cesse à sa famille. Mais il le sentait: ses question allaient bientôt trouver des réponses de la bouche de cet évêque exubérant. Quelle joie de se trouver enfin un espoir, de voir le bout du tunnel s'approcher.

Et le plus étonnant était le nom que l'homme avait prononcé. Pouyss. Ce jeune homme debout derrière lui était donc un Pouyss? Quel surprenant hasard. A moins que celà ne soit volontaire... Après tout, rien d'étonnant que Junior ne soit pas le seul bâtard de son pervers de père. Ils devaient grouiller dans toute la France, et peut-être même ailleurs, ses frères et soeurs. Mais si celui-là se trouvait auprès de ce vieil homme, il devait avoir quelque chose de particulier. Les pièces du puzzle commençaient à s'emboîter, et ces deux hommes en étaient le centre.

Junior décida alors de s'approcher. Il lui fallait entrer en contact de son frère, se faire voir de l'évêque, leur parler, leur montrer qu'il était encore là et qu'il exigerait bientôt des réponses à ses questions. Alors le jeune homme fendit la foule qui commençait à se faire dense, et arrivé au pied de l'estrade, à seulement un pas de son frère et de l'ancien avocat de sa grand-mère. Il leva les yeux vers eux. Jamais auparavant il ne s'était senti autant maître de son destin. Il se libérait enfin des chaînes qui trop longtemps l'enserraient. Il marqua une longue pause, apprécia la surprise de l'évêque, puis riva son regard le plus condescendant sur la chair de sa chair, et lui adressa ces paroles:


"Et bien, mon père, que voilà de bien belles paroles! De vraies douceurs emballées dans un ravissant paquet. Mais je discerne dans vos propos quelques absurdités qui me font frémir d'horreur quand je prends conscience de tout ce que vous dites implique.

Tout d'abord, vous dites que les ducs et comtes ne sont que les représentants du roi, auxquels celui-ci leur délègue la gestion d'une part de son royaume. Mais vous semblez oublier que sous le règne de Charlemagne, Paris n'était qu'un comté parmi tant d'autres, et pas le plus puissant. Lorsque son empire s'écroula, le comte de Paris fut élu roi de France par ses pairs comtes et ducs. Comment la monarchie aurait-elle pu changer à ce point qu'un frère devinsse le père? La légitimité des ducs et comte de France vient de leur seul et unique duché ou comté, et non de la suzeraineté royale.

Le pouvoir politique de ce royaume, comme dans tout autre royaume, comme pour tout autre pouvoir, vient de l'association des hommes afin de s'élever ensemble et assurer ensemble un avenir meilleur. C'est pour celà que les comtes et ducs dont les domaines formaient ce qui allait devenir la France se sont choisit parmi eux un roi, pour qu'il les guide. La légitimité du roi vient donc de ses vassaux et non l'inverse.

Vous dites ensuite que les élections ne sont que des consultations populaires. Quelle sottise! Si tel était le cas, le roi ferait lui-même le choix des personnes à nommer, qu'il tienne ou non compte du résultat des élections. Ores, a-t-on jamais entendu ou vu un quelconque document établissant une telle décision royale? Le roi a-t-il déjà nommé un duc ou un comte? Jamais. Lorsqu'il intervient dans les affaires de ses vassalités, c'est seulement pour nommer des régents, dont l'unique rôle est d'assurer un interim le temps que le cour normal de la politique reprenne. Le seul légitime à décider de la composition du conseil du Rouergue est le peuple de ce comté, non pas le roi ou qui que ce soit d'autre.

Vous dites ensuite que la démocratie ne véhicule que des valeurs malsaines, un refus de chacun d'accepter la place qui lui est dévolue. Pourtant, sachez que pendant un millénaire, les évêques furent élu au suffrage populaire, de manière parfaitement démocratique. Les successeurs de Titus lui-même accédèrent ainsi à la charge pontificale. Nieriez-vous la légitimité de ces personnes, dont certaines furent canonisées? Ce serait là faire preuve de peu de foi, je trouve. Non, la démocratie n'est pas une faute, mais porte au contraire en elle ce que l'homme a de meilleur, le poussant à assumer pleinement le rôle qui est le sien, celui de la seule et unique créature à disposer du libre-arbitre et de la jouissance d'en user.

Le schéma du transfert de souveraineté que vous venez si brillamment de nous expliquer est donc faux. Le pouvoir laïc est et restera toujours laïc, le fait des hommes et non celui de l'Eglise. Laissez donc l'Eglise s'occuper de son rôle spirituel sans en plus devoir se mêler du temporel. Et vous-mêmes, allez donc plutôt rédiger votre messe de dimanche prochain, en espérant qu'enfin quelqu'un y assiste, au lieu de venir faire scandale en cette place.

Vous dites aussi que l'Eglise ne se mêlera jamais aux viles batailles politiques, selon vous car elle ne saurait avoir d'opposant. Pourtant, je vous vois là bien seuls face à toute cette foule mécontente. Si l'Eglise fait bien son travail, elle n'aura certes pas d'ennemis, mais uniquement parce qu'elle ne viendra pas se mêler de ce qui ne la regarde pas. Se comporter comme vous le faites est justement le meilleur moyen de doter d'ennemis l'Eglise, alors que ceux-ci viennent de prouver qu'ils ont été jusqu'ici de bons fidèles.

Enfin, vous dites que le clergé séculier ne reste pas cloîtré dans la cathédrale. Mais si vous ne tourniez pas le dos à ce bâtiment, vous verriez que celui-ci est vide depuis que vous l'avez quitté. Il y a sur cette place bien plus de personnes qu'il n'y en a jamais eu au sein de cette cathédrale. Alors, au lieu de vous mêler des affaires temporelles, retournez donc faire votre office, agir là où les gens ont besoin de vous et non là où vous n'avez rien à faire. Vous n'êtes pas à votre place, sur cette tribune. S'il y a une personne, ici, qui pratique l'Hybris, en ne sachant pas rester à sa place, c'est bien vous, et non les personnes qui vous ont expliqué votre erreur."

La diatribe avait été longue, mais jubilatoire. Junior se sentait de taille à affronter le monde entier si celà s'avérait nécessaire. Même la voix s'était tue devant tant de panache. Mais la patience humaine est bien courte et il lui fallait vite achever sa réplique. Il décida donc de finir en beauté, asséner le coup de grâce. Il se tourna donc vers l'évêque et le gratifia de son plus brillant sourire. Il lui dit alors:

"Et bien, vieil homme, je vois que vous avez d'aussi médiocres résultats en vous défendant vous-même qu'en défendant les autres. Mais peu importe. Nous allons bientôt avoir à parler de choses importantes. Et j'ai des questions qui ne se passeront pas de réponses. La mémoire de feu ma grand-mère en dépend..."
Funeral a écrit:Un jeune garçon s'était avancé.
Funeral avait beau chercher, il ne le connaissait pas. Il lui semblait familier pourtant... Sûrement avait-il un physique très banal, un de ceux que l'on croit voir partout.

Il fallait toutefois lui répondre, et tarir cette source d'inepties qui finirait par corrompre les esprits faibles :


Je peine à comprendre la légitimité de votre réponse, mon fils.
Vous parlez d'Histoire à quelqu'un qui fait de la métaphysique, ne percevez vous pas un certain décalage ?

Méfiez vous, jeune homme, des vicissitudes tortueuses de notre monde imparfait, où le devenir règne en maître. L'Histoire étudie les remous d'une surface indolente, laissez donc de côté ses méthodes limitées lorsque vous tentez de vous aventurer au fond des choses.
Je vous exhorte à tempérer votre hardiesse, et à toujours vous donner les moyens d'envisager vos réflexions avec un recul qui vous permette de les appréhender dans leur ensemble.
Vous pouvez persister à être un Historien, à vous intéresser aux faits, à ramper paresseusement à la surface des choses. Tout le monde a le droit de se condamner au médiocre. Mais ne mélangez pas les choses.

Je pourrais arrêter là ma réponse, car elle suffit déjà à souligner l'insuffisance des éléments que vous avez portés à la connaissance de tous.
Comme je l'ai dit, vous pouvez amener autant de contre-exemples possibles , vous en mettrez jamais à mal le schéma global. Vos exemples, une fois de plus, sont issus d'un monde en devenir, imparfait, corruptible.

Je peux même vous en citer d'autres, et sans aller chercher très loin.
Le roy de france a nommé un comte hérétique, vous pourriez donc nous dire qu'il ne peut pas être affilié au pouvoir spirituel. Et ce non sans une certaine raison, une raison d'historien, une raison de surface.
Mais c'est d'idéal que je parle.

Je m'arrêterai toutefois sur vos remarques, qui méritent d'être discutées.
Cela n'est qu'une question d'érudition, mais a son importance.
Le savoir est la matière à laquelle l'intelligence donne forme, il ne faut pas le négliger.

Assez, venons en aux faits.
Vous parlez de la nomination des Comtes et Ducs. Je persiste à vous dire que c'est le Roy qui accomplit ce geste. Les choses deviennent ambiguës dès lors que le souverain décide de calquer ses choix sur ceux du peuple, mais il suffit d'y regarder un peu plus attentivement pour dissiper l'équivoque.
Et d'ailleurs, même si je n'ai pas le texte en tête, je vous renvois à un document temporel intéressant ici, à savoir une annonce du Roy d'arme de France, laquelle stipule bien que le choix du conseil n'est qu'une proposition faite à sa majesté.
Un comte n'est comte qu'une fois son allégeance acceptée par le Roy.

Vous nommez Charlemagne. Je ne sais où vous souhaitez en venir par là.
Comme je vous l'ai dit, les éléments abâtardis dont accouche le monde sublunaire ne sont pas suffisamment stables pour établir le moindre raisonnement dessus.
Qu'il y eut, en des circonstances très précises, un évènement historique durant lequel les choses se sont déroulées à l'envers n'implique rien.
En outre, le schéma de la transmission héréditaire me semble radicalement incompatible avec la souveraineté populaire.
Imaginez vous qu'un jour, les comtes et ducs se soient réunis, et aient décidé de nommer un souverain pour l'ensemble des générations à venir, sachant même qu'ils ne pouvaient se faire aucune idée du caractère ou de la compétence de ses descendants ? Absurde non ?
Vous serez, je le pense, tenté de me dire que la critique s'applique également au schéma que je vous ai proposé. En réalité non, car contrairement à ce qui se passe pour les ducs et comtes, l'Église ne se voit pas assujettie à la couronne à l'issue de la nomination d'un Roy. Son pouvoir reste donc intact, contrairement à l'avatar mort-né de votre absurde souveraineté ascendante.

Suffit. Tout ceci est bien long, et n'est pas le plus intéressant.

Vous confondez vote et démocratie, je pense.
l'Église fonctionne beaucoup par vote. Mais la légitimité de l'isonomie, au sein de l'Église repose sur la communauté des fidèles, rendus égaux dans l'amitié aristotélicienne par le sacrement du baptême.
En dehors, rien ne va plus.
Vous confondez la quête d'un bien commun avec la défense des intérêts privés. l'Église recherche la transcendance, ce qui unit les hommes et les femmes par delà les différences matérielles. Les démocraties politiques proposent de s'agripper à ses biens personnels, elle est le culte de ce qui sépare et qui différencie, car elle ne cherche que l'addition d'individualités simples.

Bref, nous pourrions discuter de cela longtemps.
Je n'ai pas l'intention de vous convaincre tout à fait, je souhaiterais simplement pointer du doigt la différence fondamentale qu'il est nécessaire de faire entre les deux sources de la motivation des consultations populaires.

Pour le reste, je me permettrai d'être laconique.
Nous ne nous opposons pas à la foule qui nous entoure, les intérêts du peuple ne sauraient être contraire à ceux de l'Église.
Nous tâchons juste de nous assurer qu'il en soit conscient.

J'aimerais vous adresser un avertissement solennel, mon fils.
Vous me semblez sensé, mais vous jouez dangereusement avec le feu hérétique. Prenez bien garde à ce que vos idées ne brûlent pas votre esprit, et ne maudissent pas votre âme. Je vous incite vivement à relire le Livre des Vertus, vous y trouverez à coup sûr l'apaisement qui me semble vous manquer.
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Message par PouyssWJr Jeu 7 Aoû - 18:13

Suite:

PouyssWJr a écrit:Collée à la toile, la petite mouche se débattait de toutes ses forces. Mais elle gaspillait inutilement ses forces et son destin ne s'en faisait que plus inéluctable. Toujours aussi calmement, l'araignée s'approchait lentement de sa proie pour finir son ouvrage. La grosse mouche, quant à elle, arrêta de vrombir quand elle vit plonger sur elle une grosse chauve-souris prête à la dévorer. Si près de ces humains qui s'époumonaient à qui mieux mieux se livrait une farouche bataille animale pour la survie.


Junior éclata de rire à la face de son frère. Celà faisait si longtemps qu'il n'avait pas exprimé de joie. Il se livrait à cet exercice avec l'enthousiasme d'un enfant. Voyant son frère se débattre avec si peu d'arguments, il décida de ne lui laisser aucune chance lors de cette joute oratoire.


"Vous dites que raisonner par l'histoire ne permet pas d'atteindre le fond des choses. Pourtant, vous qui modifiez le monde suivant des conceptions sans fondement, vous devriez savoir que le Livre des Vertus lui-même est un livre d'histoire, et que c'est en se basant sur ces récits historique que s'est construite la foi Aristotélicienne. L'histoire, c'est la science des faits passés. Et nous vivons tous dans un monde construit par ces faits. Pour comprendre notre présent, il n'est d'autre alternative que de comprendre le passé.

Vous persistez à dire que les élections ne sont que consultatives, qu'un comte n'est comte que dès lors que le roi l'accepte. Celà ne prouve que deux choses. La première est que le roi ne fait que valider ou refuser un choix populaire. C'est donc un droit de veto et non une nomination royale. Ce n'est donc pas le roi mais le peuple qui choisit le comte, le roi n'ayant que le pouvoir de s'opposer à ce choix, mais pas celui de le faire lui-même.

Et celà prouve aussi l'illégitimité de monseigneur l'évêque à se proclamer comte du Rouergue, car il n'a pas prêté allégeance à sa majesté le roi. Vos belles paroles ne trompent personne. Tout ceci n'est qu'une tentative éhontée de prendre le pouvoir, à l'encontre de toutes les règles.

Vous décrivez votre raisonnement comme un idéal. Pourtant, un idéal est un objectif à suivre et non un état de fait réel, observable. Que vous souhaitiez que le monde fonctionne tel que vous le décrivez montre bien qu'il ne fonctionne pas déjà ainsi. En vous réfugiant derrière ce terme d'idéal, vous montrez bien le peu de valeur de votre raisonnement.

Vous dites que le schéma de la transmission héréditaire me semble radicalement incompatible avec la souveraineté populaire. Pourtant, c'est ainsi que le royaume fonctionne, et votre idéal bancal n'y changera rien. Peu importe que les successeurs du premier roi élu aient été compétents ou non. Ce qui compte est d'avoir un élément stable qui assure le gouvernement à long terme du royaume. C'est justement selon cette logique que la souveraineté populaire prend tout son sens. Elle permet le choix des meilleurs dirigeants sur le court terme. Et la transmission héréditaire royale permet le choix d'une politique du long terme. Les deux sont complémentaires, et c'est ce qui a assuré la prospérité du royaume.

Vous dites ensuite que je confonds élections et démocratie. Si vous aviez écouté mon argument au sujet de l'élection des évêques, vous n'auriez pas répondu autant à côté. La démocratie est le pouvoir, le kratos, du peuple, le demos. C'est là-dessus que s'est fondé la légitimité du pouvoir des évêques, y compris du pape, pendant un millénaire entier. La démocratie n'est pas le culte de ce qui sépare, de ce que différencie, mais au contraire celui de ce qui unit les hommes et les femmes dans un projet de vie commun. Ce projet peut être spirituel dans le cas des évêques mais aussi temporel dans le cas des ducs et comtes. Mais le pouvoir populaire reste le même. Je vous mets en garde contre vos propos, car dire que c'est l'inégalité des hommes qui donne sa valeur à l'autorité politique est la même erreur que celle qui valut à la créature sans nom de devenir l'ennemi de l'humanité.

Vous dites que les intérêts de l'Eglise ne sauraient être contraires à ceux du peuple. Je ne dis pas le contraire. Je dis seulement que vous avez une bien mauvaise appréciation des intérêts de l'Eglise. Vous ne les défendez pas en vous octroyant le pouvoir laïc. A vous de retrouver le droit chemin, de défendre réellement les intérêts de l'Eglise, et donc du peuple, en retournant dans cette cathédrale et en consacrant tout votre temps à l'activité pastorale, que vous semblez négliger. Là se trouvent les intérêts de l'Eglise et ceux du peuple et non dans vos tentatives pitoyables de déstabilisation.

Vous me mettez en garde contre ma soi-disante dérive hérétique. Mais je vous mets au défi de prouver vos dires à ce sujet. J'ai passé toute mon enfance dans un couvent et connais certainement bien mieux le dogme que vous. Alors, ne portez pas d'accusations que vous ne pourriez pas défendre sans vous servir de la mauvaise foi qui est la vôtre depuis le début de notre conversation."
Note: entretemps, Aaron a débarqué avec ses gros sabots pour balancer une missive où il déclare qu'Odoacre est destitué. Comme quoi, la communication au XVe siècle était bien plus rapide qu'au XXIe... Odoacre s'en va à Rome pour se défendre lors de son procès à venir (auquel Funeral et Junior participeront).

Funeral a écrit:Funeral avait écouté la réponse du jeune homme qui lui faisait face.
Il se frotte le haut du nez des deux mains, à la limite de l'agacement.

Il fallait donc tout expliquer à nouveau. Il reprit d'un ton calme, après avoir laissé passer quelques instants.


Vous savez, cher monsieur dont j'ignore le nom, j'ai bien compris que vous n'étiez pas d'accord avec moi.
Mais si vous persistez à vous contenter de simplement le clamer haut et fort je crains que nous ne perdions notre temps.

Je ne prendrai même pas la peine de discuter de vos lubies concernant la consultation populaire. Elles ne sont pas forcément idiotes, mais elles sont fausses. Intrinsèquement fausses.
Vous me semblez avoir beaucoup d'imagination, ce n'est pas nécessairement une trop mauvaise chose... Mais faites attention à la bien circonscrire, car elle vous joue des tours.
Que vous pensiez qu'il serait préférable que ce soit sur le peuple que reposent le fondement de la souveraineté est une chose, affirmer que cela est effectivement le cas en est une autre. Car les lois du Royaume sont ainsi faites qu'elles stipulent très explicitement le contraire.

Vous m'excuserez, mais n'étant point trop versé dans les affaires Temporelles, je ne peux vous citer le document auquel j'ai fait référence tout à l'heure de mémoire. Tout ce que je peux vous dire est que le choix populaire est qualifié de "proposition". L'essentiel étant que le Roy est libre de valider ou non la proposition. L'intégralité du pouvoir décisionnel repose sur lui.
Vos atermoiements ne m'impressionnent guère, le Roy n'a pas simplement le pouvoir de s'opposer. Il doit valider les propositions car il est le souverain. Tout choix populaire non validé par le Roy n'a strictement aucune légitimité. A l'inverse, les régents nommés par le Roy seul sont légitimes.

Bref, tout ceci n'est pas très constructif. Vous vous renseignerez, je peux même vous envoyer une copie commentée des lois du Royaume si vous m'indiquez votre identité. Vous verrez que les choses sont limpides.

Ou non, j'ai plus simple, suis-je bête.
Je peux vous citer de mémoire le début du concordat de Paris :


Le très aristotélicien Roi de France, est Souverain par la grâce du Divin. Il est source de tous les Pouvoirs. Il tire son pouvoir du Créateur, tirant exemple de la vie des prophètes Aristote et Christos.
Le Roi est garant de l'unité du royaume devant le Très Haut, de par ce fait la religion légitime sur ses terres est sans contestation aucune la religion aristotélicienne.

Pardonnez moi, j'aurais du y penser plutôt, cela nous aurais évité d'inutiles palabres.

Passons.
Je ne souhaite pas vraiment vous répondre au sujet de vos conceptions fantasques sur l'origine de la foi aristotélicienne.
Nous ne sommes pas seuls, et il serait bien trop long de vous faire entrevoir l'ampleur de votre erreur.
En quelques mots, et ne me critiquez pas sur le fait que je ne fais qu'opposer une conception différente de la vôtre sans chercher à la faire triompher, je le fais sciemment. L'heure n'est pas un débat de fond.
Vous dites que l'on comprends le présent par le passé, je dis qu'on le comprends par l'éternel, et donc par le Très-Haut.
Vous dites que la foi aristotélicienne s'érige sur l'histoire, je pense pour ma part que l'amitié entre les croyants et l'amour pour le créateur en sont les fondements.
Et enfin, vous prétendez que le Livre des Vertus est un livre d'Histoire. Je le conteste. Quelle que soit le mode d'énonciation, il s'agit d'un livre traitant du Créateur, et du rapport que nous devons avoir à lui, et par là même entre nous. Or le Créateur n'est pas Historique, il est essence suprême, et ce qui est essence n'a pas d'Histoire.

Pour ce qui est de l'idéal, ce n'est pas un objectif à suivre, je n'emploie pas ce mot au sens vulgaire.
L'idéal est le monde tel que le Très-Haut l'a créé, par opposition à ce que les hommes en font.

Je ne perdrai pas mon temps à vous répondre plus précisément au sujet de la transmission héréditaire. Vous affirmez des choses sans preuves; vous prétendez que les choses fonctionnent d'une manière alors même que les textes de lois vont en sens inverse. Permettez moi de ne pas perdre mon temps à tenter de vous convaincre le cas échéant.
Juste une chose. Ce qui est absurde est de penser qu'il y ait eu, un beau jour, une élection qui aurait déterminé la destinée du Royaume.
Si vous aviez été plus clairvoyant, vous m'auriez fait remarquer qu'il est aussi idiot de penser que le pouvoir ait été mis par le Créateur une fois pour toutes dans les mains d'une lignée.
L'immense différence est que le résultat de l'élection par le bas, à l'inverse du cas de la nomination par le haut, est l'assujettissement du souverain, à savoir le peuple. Cela implique nécessairement la ponctualité du choix, tandis que l'Église, n'obéissant pas au pouvoir temporel, peut se permettre d'envisager les choses de manière continue.

Je ne m'attarderai guère longtemps non plus sur mes propos concernant la démocratie.
Tel que je l'ai déjà dit, je n'espère pas vous convaincre, mais vous faire percevoir qu'il y a deux manières d'envisager les choses.
Que vous privilégiez l'une ou l'autre ne m'importe guère.

Je vous remercie, mon fils, d'attirer ma vigilance sur ce que vous interprétez comme une déviance hérétique. Mais en l'occurrence c'est en vain.
Je n'ai jamais dit que l'inégalité avait quoique ce soit à voir avec le pouvoir politique. Le pouvoir politique vient de Dieu, pas des hommes, qu'ils soient égaux ou non.

Pour conclure, la prétendue connaissance du dogme dont vous vous vantez me semble bien être un élément s'inscrivant à votre charge, car vos paroles sont déviantes.
Vous parlez de laisser le pouvoir politique aux laïcs, allez donc relire la vie de Nikolo Malkiavel, qui se proposait de séculariser le politique. Méditez bien la condamnation qui est faite de cette dérive dangereuse.
Allez donc revoir la Vita d'Aristote, chapitre XI, ou l'hagiographie de Sainte Kyrène. Tous ces documents vous montreront que l'Église a des prérogatives légitimes concernant le pouvoir Temporel, et vos paroles entrent en contradiction directes avec cela.


Les paroles du jeune homme furent interrompues par l'intervention de Monseigneur Odoacre.
L'évêque partait pour Rome.

Il restait à présent là, seul face à la foule.
PouyssWJr a écrit:La grosse mouche s'enfuya à tire-d'ailes pour échapper à l'assaut de la terrible chauve-souris, qui ne semblait pas vouloir abandonner un si volumineux festin. Elle se rapprochait de plsu en plus de sa proie, mais celle-ci n'avait pas encore dit son dernier mot. Elle allait vrombir de toutes ses forces dès que l'occasion se présenterait. Quant à la petite mouche, elle continuait à s'engluer dans la toile de l'araignée, cette dernière prenant soin de la saucissonner pour en faire plus tard son quatre heures...


Junior se régalait intérieurement. son frère était bien un Pouyss. Il avait en lui suffisamment de mauvaise foi pour en être indéniablement le fils. Combien d'enfants illégitimes avait-il lui aussi? Quoi qu'il en soit, ce jeune homme était promis à un brillant avenir au sein de l'institution ecclésiastique s'il poursuivait ainsi. Mais en attendant, Junior n'allait pas lui faciliter la vie.


"Peut-être me trouverez-vous borné et aveugle mais je ne vois dans le préambule du concordat qu'une chose: il montre que monseigneur l'évêque n'a absolument aucune légitimité à se déclarer comte. D'ailleurs, il me semble que même les pigeons de la Curie le fassent fuir. Mais où va-t-il donc si prestement?

Quant à l'histoire, ce n'est certes pas parce que vous dédaignez cette discipline qu'elle n'a pas l'importance que j'en dis. Vous dites que Dieu n'est pas historique. Bien évidemment, je n'ai pas dis qu'il l'était. Je dis que Dieu est l'histoire: son commencement, sa fin, ses mécanismes et son but. Si Dieu a inventé le temps, c'est bien pour que les événements se succèdent et que les plus anciens influencent les plus récents. Comme vous le dites, le Livre des Vertus traite du Créateur, et du rapport que nous devons avoir à lui, et par là même entre nous. Est-ce donc un hasard qu'il en traite sur le mode historique? Réfléchissez-y donc.

Vous dites que ce qui est absurde est de penser qu'il y ait eu, un beau jour, une élection qui aurait déterminé la destinée du Royaume. Je n'ai malheureusement pas le temps de vous faire un cour d'histoire. Et de toutes façons, vous ne semblez pas ouvert à ce savoir. Mais je vous recommande de vous y penchez lorsque vous ferez preuve d'un peu plus de sagesse.

Vous dites aussi que si j'avais été plus clairvoyant, j'aurais fait remarquer qu'il est aussi idiot de penser que le pouvoir ait été mis par le Créateur une fois pour toutes dans les mains d'une lignée. C'est un argument absurde et dangereux. Entendez-vous par là que le pouvoir de sa majesté est illégitime? Je vois bien où vous voulez en venir, tant en paroles qu'en actes: déposséder le roi, les ducs, les comtes et le peuple de leur pouvoir politique au profit de vos seules personnes, en détournant le message de l'Eglise à votre profit.

D'ailleurs, vous n'hésitez pas à porter les accusations les plus basses pour défendre votre sombre complot, insultant un pauvre paysan et m'accusant gratuitement d'hérésie. Quelle honte! Mais voyons un peu dans le détail vos arguments à ce sujet.

Déjà, vous devez confondre celui que vous appelez "Saint Nikolo Malkiavel" avec le bienheureux Mikolo, qui n'est donc pas un saint et ne s'appelle pas Nikolo mais Mikolo. Et rien dans sa biographie ne dit ce que vous avancez. Sa vie est celle d'un hérétique niant l'apport de Christos à l'Aristotélisme et qui eut une révélation à la fin de sa vie. Rien n'y dit quoi que ce soit au sujet du pouvoir politique venant de Dieu...

Ensuite, quant à la Vita d'Aristote, si vous aviez aussi lu le siège d'Aornos, vu y auriez vu que son modèle de cité idéale s'est révélée une profonde erreur, que le prophète lui-même a fini par dénoncer.

Enfin, quant à l'hagiographie de Sainte Kyrène, je n'y ai rien lu qui défende en quoi que ce soit que le pouvoir politique vienne de Dieu. Bien au contraire, elle a dénoncé ceux qui s'en remettaient totalement à Dieu sans se prendre en main eux-même. Prendre la responsabilité de s'organiser ensemble, entre humains, pour décider ensemble de notre avenir, n'est-ce pas là ce que Dieu souhaite pour nous, à qui il a donné le libre-arbitre?"


Dernière édition par PouyssWJr le Jeu 7 Aoû - 18:14, édité 2 fois
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Discussion entre Junior et Funeral Empty Re: Rodez (Rouergue)

Message par PouyssWJr Jeu 7 Aoû - 18:13

Fin:

Funeral a écrit:Funeral ne savait pas quoi faire.
L'évêque qui partait, la décision de la curie, et ce jeune homme qui semblait le provoquer en un duel rhétorique dont il ne voulait pas.

Il fallait faire le point. Du calme. Du silence.
Le jeune homme resta imperturbable durant de nombreuses secondes, les mains jointes et les yeux clos.
Que faire à présent ? Devait-il poursuivre sa dispute avec le jeune impétueux ? Devait-il tâcher de s'épuiser à expliquer encore la situation aux quelques gens présents, lesquels ne semblaient pas comprendre ? Pouvait-il simplement partir, rentrer à Espalion, et retrouver le calme tranquille de l'église de l'Eau ?

Non.
Il savait ce qu'il devrait faire.

Il ouvrit les yeux, et redressa la tête. Il pencha son regard vers le sol, vers l'épée, vers le symbole de se pouvoir Temporel gisant dans la boue.

Il ne répondit rien aux invectives que lui avait lancées le jeune garçon. Il se dirigea calmement vers les marches de l'estrade sur laquelle il était juché, et les descendit lentement.
Il fit le tour de la structure de bois, jusqu'à arriver vers le morceau de fer.

Il s'accroupit, et ramassa l'arme en la tenant par le plat de la lame, pressée entre le pouce et l'index de sa main droite.

Il répondit alors à son interlocuteur véhément. Quelques mots simplement, le dos tourné.


Vous savez, le Livre des Vertus n'est pas uniquement historique.
Certaines parties le sont, en effet, mais vous vous méprenez sur le sens de mes propos.


Il scruta un moment les alentours, comme pour chercher quelques choses.

L'Histoire sert, en effet. Elle relate.
Mais quels types d'évènements relate-t-elle ?


Il tenait toujours l'épée du bout des doigts, comme par dégoût.


Prenons le Livre des Vertus, de quel genre de faits traite-t-il ?

Un objet avait attiré son attention.
La lettre de la Curie que Monseigneur Odoacre avait laissé tomber sur l'estrade.
C'était tout à fait ce qu'il recherchait.

Il se retourna, et fixa un moment celui à qui il parlait le dos tourné depuis quelques instants :


Les exemples mon cher.
Et la principale caractéristique d'un fait que l'on caractérise comme exemplaire n'est il pas précisément d'avoir valeur de maxime ?
Et par là même de dépasser le simple champ du récit historique ?


Sans se pencher, Funeral s'empara de la lettre de la curie qui trônait sur l'estrade. Il la saisit de sa main droite, et la parcouru des yeux un instant.

Il froissa le parchemin, en s'étant bien assuré que l'encre était sèche.
Il frotta ensuite la lame de l'épée avec le papier.

Le glaive avait été sali. Il fallait le rendre net. Il continua à parler ce faisant.


Gardez donc vos cours d'histoire, en effet, vous n'avez pas le temps de les dispenser ici.
Et comme je vous l'ai dit, ce monde est imparfait et soumis au devenir. Prendre ses caprices pour base d'un raisonnement d'idées est pour le moins dangereux.


A présent le glaive était propre, et l'archidiacre de Rodez enfouit la missive de la curie, toute souillée de boue à présent, dans une poche de son vêtement.
Il observa à nouveau la foule.


Il me paraît clair à présent que je peine à me faire comprendre en ce qui concerne le caractère absurde, et pourtant inévitable, de la ponctualité de l'intervention populaire dans les transferts de souveraineté.
Je ne m'expliquerai pas plus à ce sujet. J'ai fait ce que j'ai pu pour vous faire comprendre en l'état actuel de mes potentialités, je ne pense pas pouvoir faire plus.
Je peux simplement vous dire que votre commentaire n'est pas pertinent.


Il l'avait enfin trouvé. L'homme à qui il avait emprunté cette épée.
Il fallait la rendre désormais. Il se dirigea vers lui, lentement toujours, et tenant l'arme par la lame.
Il était représentant du pouvoir spirituel, il ne pouvait s'abaisser à empoigner une vulgaire épée.


Pour conclure, je voudrais souligner que je ne vous ai jamais accusé d'hérésie. Seul un tribunal compétent est à même de prononcer un tel constat. Je vous ai en revanche fait part de certaines craintes, que je nourris à votre endroit, concernant la pureté de votre foi, et le salut de votre âme.

Il arriva face au possesseur de l'épée, et se planta devant lui. Il tendit l'arme, et s'adressa maintenant à l'homme qui lui faisait face.

Tenez, mon fils.
Il semble que l'heure de réunir les deux glaives en une même étreinte ne soit pas encore arrivée.


L'homme empoigna son épée par le manche, que lui tendait l'archidiacre.
Funeral s'éloigna, et revint se positionner en face du jeune homme.


Pour finir, je vous invite à ne pas déformer mes propos.
Ce n'est pas de l'hagiographie de Mikolo, ni d'un quelconque "Saint Nikolo Makiavel" que je parle, mais bien du texte intitulé "vie de Nikolo Makiavel", dans lequel la sécularisation du politique est explicitement critiquée.
Mais, encore une fois, ce ne sont là que des craintes. Tâchez plutôt de prendre mes propos comme une sorte de mise en garde bienveillante...
PouyssWJr a écrit:La grosse mouche s'était enfuie en d'autres lieux, poursuivie par la terrible chauve-souris affamée. Il ne restait donc plus que la petite, continuant avec rage à tenter de se libérer de sa prison de toile. L'araignée, un peu trop sûre d'elle, fut surprise lorsqu'elle vit sa proie arriver finalement à s'échapper, rompant les liens qui l'enserraient et prenant la voie de la liberté et de la survie. L'arachnide fut un premier temps hébétée, retrouva très vite son assurance et s'attela à la tâche de réparer sa toile. Bah! Ce n'était que partie remise. La petite mouche ne manquerait pas de retomber un jour dans le piège. Et à ce moment-là, elle n'aurait pas forcément autant de chance...


Junior vit son adversaire opérer un repli stratégique prudent et efficace. Il apprécia à sa juste valeur cet habile mouvement et décida de ne plus insister. Ce premier contact en annonçait bien d'autres. Ce n'était que partie remise. Le plus urgent pour lui et son demi-frère était Odoacre, cet évêque frondeur qui s'était attiré les foudres curiales. Junior voulait des réponses à ses questions, se débarrasser enfin de cette voix qui le harcelait depuis trop longtemps. Il serra dans sa main, au fond de sa poche, le couteau qui avait jadis servi à tuer Lescure. Quel utilité aurait-il par la suite? L'avenir le dira. En attendant, Junior devait surveiller de près son frère, car lui seul pourrait lui permettre d'approcher cet évêque qui n'était plus comte. Il se retira discrètement et se replia lui aussi, dans un petite ruelle avoisinante. Les prochains jours seraient vraisemblablement consacrés à la surveillance de l'archidiacre, jusqu'à ce que celui-ci quitte Rodez pour Rome, où il le suivrait à distance...
Funeral a écrit:Funeral fut assez surpris que cet interlocuteur si têtu jusque là coupe court au débat de manière si abrupte.
Il faut dire qu'il ne s'était pas montré engageant, mais, d'ordinaire, cela n'arrête pas les contradicteurs invétérés.

Etonnant personnage, qui n'avait même pas pris la peine de se présenter, et s'était évanoui dans les ruelles de la ville comme une ombre.
Les deux garçons devaient avoir sensiblement le même age, et, d'après les dires du jeune inconnu, leurs éducations semblaient avoir été à peu de choses près similaires.
Leurs discours, en revanche, semblaient inconciliables.

Bah, qu'importe. L'essentiel était que la situation était retournée au calme.
Visiblement, son altercation verbale avec le jeune impétueux avait quelque peu dissuadé les autres personnes présentes d'intervenir.
Tant mieux.

Mais que faire, encore une fois ?
Odoacre étant parti, l'archidiacre de Rodez se retrouvait une fois encore à devoir gérer toute la vie religieuse du diocèse.
Il pensa d'abord qu'il serait de bon augure de clarifier la situation auprès du peuple, afin, notamment, d'expliciter la légitimité des revendications du vieux grec.
Il n'en fit rien. Après tout, le vieil homme était parti demander justice à Rome, il n'avait donc pas à s'exprimer sur le sujet jusqu'à ce que les cardinaux aient pris une décision. Et d'ailleurs, il n'y avait plus grand monde autour de l'estrade, à croire que la théologie rebute.

Pour l'heure, Kaspar-Felix était fatigué, et aspirait au repos.
Il était inenvisageable de faire la route jusqu'à Espalion aujourd'hui. Il rentrerait donc demain.

En attendant, il irait se reposer dans le palais épiscopal.
Oui, du repos. Voilà une sage décision.

Il allait se mettre en route lorsqu'il aperçut une petite tache noire sur l'estrade.

Une araignée.

Funeral haïssait les insectes. Il avait horreur qu'on le touche, et ces viles créatures ne désiraient que ça, elles ne vivaient que pour ramper sur les chairs, s'insinuer dans les orifices, creuser des galeries dans les dermes.
Ignobles formes de vie.

Il resta un moment interdit, au pied de l'estrade, planté sur le sol.
Il sortit de sa poche la lettre de la curie, froissée et boueuse.
Il avança son bras lentement, et écrasa méthodiquement l'octopode du sceau de la Sainte Eglise Aristotélicienne.
Il s'était assuré que personne n'était assez proche pour le voir.

Le temps d'essuyer le cadavre sur la structure de bois, et de se remettre le plis en poche, et il quitta enfin les lieux.
Direction le calme, enfin. Le repos, le palais épiscopal de Monseigneur Odoacre.
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